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Portrait de leader : Jean-Pierre Bertrand

Un apprentissage fait à l'école de la musique

Jean-Pierre Bertrand
Jean-Pierre Bertrand

25 octobre 2007

Gilles Dallaire

«Quand je regarde en arrière, je me rends compte que l'apprentissage qui m'a guidé tout au long d'une carrière fertile en changements de cap, c'est à l'école de la musique que je l'ai fait.» Tel est l'aveu qui échappe spontanément au vice-recteur adjoint à l'action stratégique de l'Université de Sherbrooke, Jean-Pierre Bertrand, quand on lui demande comment il a pu passer le plus naturellement du monde du milieu de l'enseignement secondaire au milieu de l'administration universitaire. Il y a d'ailleurs laissé sa marque comme s'il n'avait rien connu hors du milieu du haut savoir.

«La musique m'a donné la capacité de m'adapter sans trop de difficulté aux situations les plus variées et à en tirer les plus grands bénéfices, explique-t-il. Elle exige un travail d'équipe de tous les instants. Elle exige aussi une évaluation aussi précise que possible des attentes d'un auditoire. Elle vise, par surcroît, à faire évoluer ces attentes, ce qui oblige le musicien à établir avec son auditoire une communication qui lui permet de décoder ses attentes au fur et à mesure de leur évolution. Elle exige, enfin, une quête de l'harmonie.» Et Jean-Pierre Bertrand parle en connaissance de cause puisque pendant une dizaine d'années à compter du milieu des années 70, il a fait avec le guitariste Pierrot Larochelle les belles heures d'une des tables les plus réputées de Sherbrooke, le restaurant L'Élite.

L'enseignement

Les leçons apprises à l'exigeante école de la musique, il les a mises à contribution dès la fin de ses études en littérature française à l'Université de Sherbrooke. «C'était en 1973. J'ai été engagé comme professeur à l'école secondaire de La Patrie, une petite école de proximité où les élèves de l'endroit et de quelques villages voisins pouvaient faire leurs études de 1er cycle. Grâce au support et aux conseils d'Estelle Gobeil, qui représentait le secteur à la Commission scolaire régionale de l'Estrie, j'ai pu m'intégrer très rapidement à ce milieu tricoté serré mais combien chaleureux. Par la suite, j'ai été promu au poste de directeur de l'école. Je suis resté trois ans à La Patrie. Je garde de cet endroit un souvenir indélébile. Enseignant plus tard comme chargé de cours à la Faculté des lettres et sciences humaines, il m'est arrivé de revoir de mes anciens élèves. Ils faisaient leur chemin dans la vie et ils ont continué de le faire, ce qui prouve avec éloquence que ce n'est pas parce qu'on a grandi à l'écart des grands centres qu'on doit se satisfaire d'un petit pain», rappelle-t-il.

Changements de cap

Après l'école secondaire de La Patrie, c'est l'école Le Ber où il enseigne pendant deux ans. Changement de cap à l'été 1978 alors qu'il obtient un congé sans solde d'un an et demi pour travailler, sous l'égide de Marc Bernier, à la préparation des fêtes qui soulignent les 25 ans de l'UdeS. Les fêtes à peine terminées, il remplace un agent de communication du Centre culturel. Trois ans plus tard, il devient secrétaire administratif de l'École de musique.

Nouveau virage en 1985 alors qu'il devient le directeur de la programmation de la station radiophonique Cité FM. Quelques mois plus tard, il revient à l'Université où, pendant deux ans, il est le directeur général de l'Association des diplômés. En 1987, il est nommé adjoint au vice-recteur à l'enseignement, un poste qu'il occupe jusqu'en 1995 alors qu'il est nommé registraire.

«Je crois être arrivé à changer le visage de ce service qui suit maintenant les étudiants de leur entrée à leur sortie, où la communication est limpide, et qui sait rendre son personnel fier de son savoir et de son travail», affirme-t-il. Là comme ailleurs, souligne-t-il, et comme le lui a appris l'école de la musique, il n'a jamais hésité à reconnaître qu'un subalterne en sait très souvent bien plus que son supérieur. À ce poste, il se voyait donc un peu comme un jeune chef d'orchestre dirigeant des musiciens chevronnés.

«Avec le support de la haute direction et la collaboration du personnel, j'ai donné la priorité à l'amélioration et à la simplification de la gestion du dossier étudiant, de l'admission à la diplomation, et à la refonte du règlement des études qui avait subi tant de modifications au fil des années que les non-initiés avaient peine à s'y retrouver. Avec la précieuse collaboration de l'équipe, Jules Chassé en tête, nous avons aussi recommandé, au terme d'un exercice de réingénierie particulièrement rigoureux, la mise en place de l'admission en ligne accessible aux étudiants en plus d'implanter un guichet unique qui leur permet de savoir quels services leur sont offerts et comment ils peuvent s'en prévaloir», souligne-t-il. S'ajoutera peu après son accession au poste de registraire, la direction des Services à la vie étudiante et, plus tard, celle du Service des archives.

Sherbrooke : ville étudiante

Depuis sa nomination au poste de vice-recteur adjoint à l'action stratégique il y a cinq ans, Jean-Pierre Bertrand relève un nouveau défi. Un défi de taille : créer entre l'Université et le milieu des liens à la fois étroits et durables. «Mon rêve, c'est que, d'un côté, Sherbrooke devienne une composante toute naturelle du paysage des étudiants et que, de l'autre, les étudiants en deviennent une, toute naturelle elle aussi, de l'environnement des Sherbrookois. Je souhaiterais qu'à l'exemple de Burlington, où l'Université du Vermont est présente partout, l'Université de Sherbrooke le soit elle aussi, et que Sherbrooke devienne non seulement une ville universitaire, mais aussi une ville étudiante», explique-t-il.

Un rêve en passe de devenir réalité avec le libre accès au transport en commun pour les étudiantes et étudiants et la création d'une coopérative d'habitation étudiante dans le centre-ville. «C'est là la résultante naturelle d'un travail d'équipe, et comme en musique, de l'harmonie», affirme Jean-Pierre Bertrand avec modestie.